Les parlementaires socialistes de la Haute-Garonne « Pourquoi avons nous voté ou soutenu la censure ? »
Mercredi, une majorité de députés de l’Assemblée nationale a voté la motion de censure présentée par la gauche.
Nous, Joël Aviragnet, Jacques Oberti et Arnaud Simion, députés, l’avons votée avec gravité et responsabilité.
Nous, Claude Raynal et Emilienne Poumirol, sénateur et sénatrice, l’aurions également votée sans hésitation.
Par conséquent, Michel Barnier a présenté la démission de son gouvernement.
Depuis sa nomination, Michel Barnier a négocié exclusivement avec le Rassemblement national qui avait décidé de l’adouber il y a deux mois. Il a cru pouvoir compter sur le sens des responsabilités d’un parti populiste comme le RN.
Par ailleurs, les attaques d’Emmanuel Macron de jeudi soir lors de son intervention contre les députés et les élus du Parti Socialiste sont indignes de sa fonction.
Les macronistes ne peuvent pas se souvenir des 66 députés socialistes uniquement quand il s’agit de sauver leurs postes de ministres. Les responsables d’une dégradation abyssale de l’état de nos finances publiques ne peuvent pas se permettre de jouer les donneurs de leçon.
À la différence de la « majorité » gouvernementale, largement effacée durant les débats budgétaires, nous avons travaillé pour améliorer considérablement le budget tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat. Ce sont plus d’une centaine d’amendements des socialistes qui ont été adoptés sur les budgets de l’État et de la sécurité sociale alors que la porte du Premier Ministre est toujours restée fermée.
Nos propositions étaient parfaitement raisonnables et sérieuses. Elles n’aggravaient pas les déficits publics. Sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale, elles coûtaient 8,06 milliards d’euros (soit 1,2% du budget total de la sécurité sociale) que nous financions avec de nouvelles recettes pour un montant équivalent de 8,14 milliards d’euros.
La réponse du gouvernement ? Une absence totale de contacts pendant tout le débat parlementaire, une absence de réponses à nos courriers et un aveu dans le bureau du Premier ministre mercredi dernier : nos propositions étaient intéressantes … mais Michel Barnier n’a pas pu les prendre en compte à cause de l’intransigeance de son “socle commun”.
Concernant la situation économique et financière de la France, elle est le résultat de la politique d’Emmanuel Macron depuis 7 ans. La censure de Michel Barnier est par ailleurs la conséquence de la dissolution décidée seule par le Président de la République qui a créé un contexte d’instabilité préoccupant pour les actrices et acteurs économiques.
Nos institutions sont résilientes, comme l’a rappelé très justement la Présidente de l’Assemblée nationale sur France Inter jeudi matin ; « le rejet du budget ne signifie pas un “shutdown” à l’américaine, il reste assez de temps avant le 31 décembre pour voter un budget. »
Par ailleurs, mercredi 4 décembre, à l’Assemblée nationale, nous avons permis au projet de loi de fin de gestion d’être adopté par le Parlement. Ce projet de loi, essentiellement de mécanique budgétaire, permet néanmoins d’apporter les financements d’appoint pour quelques besoins importants :
● des crédits de sécurisation des Jeux Olympiques et Paralympiques via notamment des primes pour les forces de l’ordre
● des dépenses d’aide à la Nouvelle-Calédonie, tant sur le plan sécuritaire que d’aide économique
● des crédits pour l’Ukraine, tant d’aide militaire que d’accueil des réfugiés
● des crédits pour l’hébergement d’urgence
● des crédits sur les aides « gaz et électricité » du plan de résilience
● des crédits pour le paiement de l’AAH
● des crédits pour le paiement des primes aux employeurs d’apprentis
Enfin, ce projet de loi comprend une aide de 20 millions d’euros aux agriculteurs pour faire face aux catastrophes climatiques et notamment le mildiou. Sans les socialistes, ces crédits n’auraient pas pu être ouverts.
Nous voulons offrir une solution de stabilité à nos institutions et surtout pour nos compatriotes, nous devons nous montrer à la hauteur de la double exigence posée par les Français lors des élections Législatives : ils ont exprimé une grande volonté de changement au premier tour et une grande demande de rassemblement au second.
Avec Michel Barnier, ils n’ont eu aucun changement et aucun rassemblement.
Nous souhaitons maintenant qu’un accord de non-censure soit mis en place selon un principe simple : les groupes politiques d’opposition acceptent de ne pas renverser un gouvernement minoritaire en échange de l’adoption d’un certain nombre de mesures issues de leur programme.
C’est une forme de déblocage de la crise politique sans le grand mélange des genres.
La question qui se pose aux députés du bloc central est désormais celle-ci : préférez-vous négocier avec une gauche au pouvoir et bâtir des compromis pour le bien de la nation ou préférez-vous continuer de courber l’échine aux injonctions de Marine Le Pen ?
Le Parti Socialiste n’a jamais renoncé à sa culture de gouvernement et à la responsabilité qui doit être la sienne dans le contexte actuel.
Nous ne cherchons pas à imposer une Présidentielle anticipée qui selon la Constitution doit s’organiser dans les 30 jours qui suit son annonce et qui du reste ne changerait rien au contexte institutionnel puisque la dissolution de l’Assemblée nationale ne peut intervenir qu’après le mois de juillet 2025. Nous remarquons que les écologistes et les communistes partagent ces visions que nous portons.
Les socialistes n’ont perdu aucun de leurs repères, ils sont disponibles, résolus à répondre aux crises sociales, économiques et environnementales. Nous souhaitons la stabilité politique, économique, fiscale et la prise en compte d’un dialogue renouvelé avec les partenaires sociaux ainsi que les représentants des associations des collectivités.
Joël Aviragnet, Député Socialiste de la Haute-Garonne
Jacques Oberti, Député Socialiste de la Haute-Garonne
Arnaud Simion, Député Socialiste de la Haute-Garonne
Emilienne Poumirol, Sénatrice Socialiste de la Haute-Garonne
Claude Raynal, Sénateur Socialiste de la Haute-Garonne