Vive la fonction publique !
Les ténors -un peu enroués ces temps-ci- de la droite s’égosillent pour persuader les électeurs qu’il est urgent de supprimer 500 000 fonctionnaires ( soit 10 % de l’effectif global) et de revenir aux 39 heures hebdomadaires pour compenser cette saignée supposée indispensable à l’équilibre budgétaire.
De très sérieuses études démontrent que la France n’est pas, est de loin, le pays le mieux pourvu en agents dispensant des « services non marchands » (seule notion permettant de comparer des pays diversement structurés). Les pays scandinaves, et même l’Allemagne et les Etats-Unis (eh oui!) ont des taux supérieurs. La fonction publique en ses trois secteurs national, territorial et hospitalier représente depuis trente ans 20% de l’emploi global, chiffre étonnamment stable, le progrès global des effectifs ayant très logiquement suivi celui de la population. Des reclassements ont suivi la décentralisation, et l’introduction de l’informatique a bouleversé les conditions de travail, en libérant du temps d’un côté, en créant de nouvelles tâches de l’autre.
Les électeurs ne peuvent pas être dupes : les besoins croissants repérés en matière d’encadrement des jeunes, de formation initiale et permanente, de services de sécurité , de prévention de la dépendance ne pourront être assurés si l’Etat, les collectivités et les hôpitaux sont contraints de procéder à ce démantèlement. Certes, des sociétés privées, animées par la recherche du profit, sont prêtes à prospérer sur les ruines d’une fonction publique ainsi saccagée… Mais rien ne prouve que le secteur privé soit plus efficacement géré. Le Canada et l’Italie qui ont opéré des suppressions d’emplois publics massives ces dernières années ont connu de grandes difficultés. Une discrimination fondée sur le revenu individuel se profile : les plus démunis seraient à coup sûr privés des services réservés aux privilégiés de la fortune.
Cela n’exclut pas, bien entendu, de redoubler les efforts pour améliorer la productivité de travail des agents et surtout favoriser leur implication collective plutôt que d’encourager le repli individuel .
Déjà, les progrès réalisés dans l’équilibre des caisses de retraites et de la Sécu démontrent la capacité d’adaptation et de résistance d’institutions conquises et sauvegardées depuis des décennies.
La légende de l’indolence crasse des fonctionnaires est mise à mal par les statistiques : 37% d’entre eux travaillent de nuit contre 26% des salariés du privé, 18% travaillent le dimanche contre 15%. La polémique sur les absences des enseignants pour cause de maladie a tourné court quand le ministère de l’Education nationale a indiqué que le chiffre moyen de ces absences était inférieur à 10 jours annuels. Et chacun d’entre nous a pu mesurer l’immense dévouement des agents hospitaliers face à l’afflux des urgences.
Non ! Les fonctionnaires ne sont pas, loin de là, les parasites de notre société. Ils en assurent, sans toujours en être récompensés, la cohésion et le progrès.
Sachons confronter les programmes politiques en lice, pour les défendre et empêcher que les électeurs ne cèdent aux propositions dangereuses de la droite.
Rémy Pech
Section de Toulouse 5