BUDGET 2025 : NON À LA CURE D’AUSTÉRITÉ !
Le gouvernement a présenté ce jeudi un projet de loi de finances et un projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025 proposant une cure d’austérité inédite : 60 milliards d’économies, dont 40 milliards de coupes budgétaires portant pour près de la moitié sur l’action sociale.
Nous connaissons la situation budgétaire de la France, elle est, comme l’a déclaré le Premier ministre, « beaucoup plus dégradée que cela a été dit ». Nous alertons depuis des années sur les choix budgétaires et les prévisions fantaisistes d’Emmanuel Macron et de Bruno Le Maire. C’est de ce triste bilan dont hérite Michel Barnier aujourd’hui.
Afin de faire toute la lumière sur les raisons du dérapage budgétaire historique de 2 points de PIB, les députés socialistes demandent que la commission des finances de l’Assemblée nationale se transforme en commission d’enquête.
DEPUIS 2017, MACRON A APPAUVRI L’ÉTAT
La situation budgétaire de la France en 2024 est la conséquence de l’erreur originelle d’Emmanuel Macron en 2017 et répétée ensuite : offrir des cadeaux fiscaux aux ultrariches et aux grandes entreprises.
- Depuis 2017, Emmanuel Macron a sciemment appauvri l’État en réduisant les recettes fiscales d’environ 55 milliards par an avec la suppression massive d’impôts sur les ménages et les entreprises les plus riches (suppression de l’ISF, création de la flat tax, suppression des impôts de production, etc.).
- Or, Michel Barnier propose aujourd’hui seulement une “contribution exceptionnelle et temporaire” pour les ménages et les entreprises les plus riches. Les pertes de recettes et les inégalités ne sont pas « temporaires », elles sont durables. La justice fiscale doit être tout le temps, pas seulement pour 2 ou 3 ans.
- Nous doutons d’autant plus de la sincérité de cette proposition qu’une partie de la majorité relative de Michel Barnier semble s’opposer à toute mise à contribution des plus riches. La situation budgétaire de la France étant grave, la posture dogmatique de Gérald Darmanin et de Gabriel Attal est irresponsable.
- Les socialistes soutiendront toutes les mesures de justice. Nous voterons tous les articles mettant à contribution les plus riches (ménages comme entreprises) tout en proposant des amendements permettant d’aller plus loin que ces mesures minimales.
Nous refusons que les choix idéologiques d’Emmanuel Macron soient payés par celles et ceux qui n’ont que leur travail pour vivre : les classes populaires et moyennes, les petites et moyennes entreprises, l’affaiblissement des services publics, et l’irresponsabilité écologique.
LE BUDGET BARNIER, C’EST L’AUSTÉRITÉ POUR LES FRANÇAIS ET LA CASSE DU SERVICE PUBLIC
Quand 2 milliards d’euros sont prélevés sur les hauts revenus, c’est 4 fois plus qui sont prélevés sur les plus modestes. Quelques exemples :
- Parmi les 40 milliards d’euros de coupes budgétaires proposées figure le report au 1er juillet 2025 de l’indexation des pensions de retraites sur l’inflation. Concrètement, cela veut dire que les retraites ne seront pas revalorisées les six premiers mois de l’année 2025 malgré l’inflation, contrairement à l’engagement de campagne de Gabriel Attal et des députés macronistes. C’est ainsi 3,6 milliards d’économies qui seront faites sur le dos des 17 millions de retraités de notre pays.
- Le gouvernement de Michel Barnier propose une nouvelle augmentation des taxes sur l’électricité après celle annoncée en février. C’est ainsi 3 milliards d’euros qui seront prélevés sur les Françaises et les Français. Le gouvernement propose également d’augmenter de 26 € à 30 € le tarif de la consultation chez le médecin généraliste sans prise en charge par l’Assurance maladie. C’est 1,1 milliard d’euros d’économies sur le dos des 3 millions de Français qui n’ont pas de complémentaire santé.
- 5 ans après l’épidémie de Covid-19, le gouvernement propose 3,8 milliards d’économies sur l’hôpital public. C’est une insulte faite à celles et ceux que l’on a applaudi à 20h. Mêmes coupes budgétaires dans l’Éducation nationale, où le gouvernement propose de supprimer 4 000 postes d’enseignants en 2025. C’est la poursuite de la casse de l’école entreprise par Emmanuel Macron avec déjà plus de 6 500 postes d’enseignants supprimés depuis 2017. En tout, 2 200 postes seront supprimés dans la fonction publique.
- L’effort de 5 milliards d’euros demandé aux collectivités territoriales aura également des conséquences délétères sur nos services publics, sur l’investissement local et sur les conditions de travail des agents. Les collectivités territoriales étant le premier investisseur public, ces coupes budgétaires vont pénaliser les petites et moyennes entreprises de nos territoires.
NOUS PROPOSONS UNE AUTRE VOIE !
Cette cure d’austérité n’est pas une fatalité, c’est un choix politique. Durant les débats budgétaires, nous porterons avec l’ensemble de la gauche des amendements créant des recettes nouvelles, autour desquels nous espérons construire des majorités larges.
- Supprimer des niches et dispositifs inefficaces :
- Fin des exonérations patronales au-dessus de 2 SMIC : Les mesures d’aides et de subventions aux entreprises dépassent les 200 milliards d’euros par an sans que leur efficacité ne soit démontrée dans la plupart des cas, particulièrement pour les salaires au-dessus de 2 SMIC.
- Recentrage du crédit impôt recherche : Le crédit d’impôt recherche n’atteint pas les objectifs affichés et est souvent utilisé par des grands groupes comme un outil d’optimisation fiscale.
- Contribuer les ultra-riches et les grands groupes :
- Rétablissement de l’ISF avec volet climatique : Nous proposons de taxer les foyers disposant au 1er janvier 2025 d’un patrimoine net supérieur à 1 million d’euros.
- Réforme de l’exit tax : Collecter la différence de taxe sur les Français détenant des actions et exilés dans des juridictions plus complaisantes.
- Suppression de la flat tax : Depuis 2018, la flat tax favorise les revenus du capital au détriment de ceux du travail.
- Taxe sur les héritages dorés : Améliorer la progressivité de la fiscalité sur les successions tout en préservant un abattement pour les successions de moins de 200 000 euros.
- Taxe exceptionnelle sur les profits et les super-dividendes : Une taxe exceptionnelle de 5 milliards d’euros sur les profits des grands groupes.
- Taxe sur les transactions financières : Doubler le taux de la taxe et élargir l’assiette à toutes les transactions intra-journalières pour lutter contre la spéculation.
- Faire peser l’effort de transition sur les plus gros pollueurs et redonner des moyens aux collectivités :
- Mettre fin aux privilèges injustes de l’aérien : Introduire une taxe sur les jets privés, dont l’utilisation et les émissions par passager sont disproportionnées.
- Redonner des marges de manœuvre aux collectivités locales : Rétablir la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) de façon progressive.
Ces 10 mesures phares représentent 49 milliards d’euros de recettes nouvelles, il est donc possible de faire face à la situation budgétaire de notre pays sans hausse d’impôt sur les classes moyennes et populaires.
- Ces recettes sont à comparer aux baisses d’impôts dont ont bénéficié depuis 2017 les entreprises et les ménages, de manière disproportionnée les plus fortunés. Pour rappel, les baisses d’impôts représentent une perte de recettes de 62 milliards d’euros par an selon la Cour des comptes.
Durant les débats budgétaires, nous proposerons des économies avec la suppression des niches fiscales inutiles ou nocives pour le climat. La gauche n’a pas de leçon de gestion à recevoir de ceux qui nous ont conduits dans le mur.
Si ce soir le Président et son gouvernement proposent un budget d’austérité, le pouvoir est aujourd’hui au Parlement. Les députés socialistes seront pleinement mobilisés pour amender les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale afin d’obtenir des victoires pour les Françaises et les Français.