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La révolution, c’est maintenant, avec l’écosocialisme

L’été 2023 n’aura pas démenti le précédent… Canicule, sécheresse, tornades, inondations, feux de forêts, pics de pollution de l’air… Le tic-tac de l’horloge climatique ne s’arrête pas : il s’emballe avec son cortège de désordres, et les dix ans pour agir évoqués par les scientifiques du Giec ne seront bientôt plus que neuf, puis huit, puis sept, etc. Doit-on se résigner ? Sûrement pas. Aucun fatalisme.

Les transitions écologiques et énergétiques qui misent exclusivement sur la responsabilité sociétale des entreprises et la sensibilisation (voire la culpabilisation) des consommateurs ne peuvent suffire. Elles portent aussi les risques humains et sociétaux de voir enfler la lame de fond de l’angoisse climatique, ainsi que les ravages du complotisme et du climatoscepticisme. Parier sur le seul bon vouloir des acteurs économiques est illusoire. Le «capitalisme vert» promu par les multinationales, notamment du secteur des énergies fossiles, est au mieux un leurre ripoliné en «greenwashing», au pire le statu quo qui n’aboutira qu’à aggraver les inégalités et à favoriser leur voracité.

Le dérèglement climatique est d’abord une question de justice

Nous savons, et ce n’est pas contesté, que le 1 % des plus riches pollue autant que 50 % de la population mondiale, et que 10 % des plus riches sont responsables de 50 % des émissions des gaz à effet de serre. On comprend alors que la lutte contre le dérèglement climatique est d’abord une question de justice et que la réponse doit être politique. Elle porte un nom : c’est «l’écosocialisme», qui allie la vision d’un socialisme réinventé et l’intégration matricielle d’une écologie politique, populaire et optimiste, enfin capable de dépasser le système néolibéral actuel. Cette réponse marque une rupture avec une partie de la social-démocratie qui a trop longtemps accepté des accommodements avec le système néolibéral.

Nous devons prendre le mal à la racine. Nous devons nous attaquer frontalement aux inégalités. Nous devons cesser cette financiarisation des ressources et cette accumulation des richesses qui n’ont pour but que satisfaire l’avidité capitalistique et la voracité libérale, moteurs de la hausse des émissions des gaz à effets de serre, de l’épuisement de nos ressources et de la destruction de notre unique biosphère.

Sans justice sociale, pas de justice climatique et environnementale. On ne subit pas la canicule de la même manière selon que l’on habite dans une barre d’immeuble mal isolé ou dans un 200 mètres carrés climatisés. Il ne faut pas craindre de cliver : la lutte contre le dérèglement climatique est la nouvelle frontière d’une lutte des classes qui structure le réel malgré la «fin de l’histoire», ici comme dans le reste du monde.

Paul Magnette l’a parfaitement décrit : l’inégalité face au dérèglement climatique est triple. Inégalité de responsabilité : les plus riches polluent plus que les plus pauvres. Inégalité d’exposition : les pauvres sont beaucoup plus vulnérables aux pollutions, et aux conséquences climatiques, parce qu’ils n’ont pas le choix de leur travail et de leur lieu de vie. Enfin, inégalité d’accès, qui se traduit par une précarité environnementale : les pauvres bénéficient beaucoup moins de tous les bienfaits d’un environnement sain, d’une alimentation de qualité et des technologies sobres.

L’écosocialisme n’est pas le nouvel ascétisme

«L’écosocialisme ne fait pas le pari du grand soir, mais il refuse à n’être qu’une longue série de petits matins blêmes. Le cap est connu : il nous faut atteindre la neutralité carbone au plus tard dans une génération.» Et à ce cap de dix ans, nous devons avoir le courage de prendre les décisions que les crises multiples imposent. Ce courage nous le devons à la jeunesse qui se désespère de l’inaction climatique des dirigeants actuels. Personne ne peut plus prétendre l’ignorer. Personne ne peut plus défendre les aberrations écologiques, comme ces paquebots de croisière du toujours plus, aux vingt étages, sept piscines et quarante restaurants.

La révolution que nous devons enclencher sans plus attendre doit reposer sur une philosophie du partage : partage équitable des ressources naturelles dans la limite de ce que la planète peut produire ; partage équitable des richesses produites afin d’accomplir notre objectif de justice sociale ; partage des savoirs afin de construire par l’école et l’éducation populaire une société éclairée à l’avant-garde des grands enjeux auxquels nous faisons face.

Les néolibéraux et les conservateurs vont prophétiser la perte d’emplois, la décroissance, le retour à l’âge de nos arrière-grands-parents… Nous connaissons ce refrain. Mais la création de richesses, la prospérité de nos sociétés occidentales n’ont jamais été aussi élevées, écocides, irrespectueuses de nos lendemains. L’écosocialisme n’est pas le nouvel ascétisme. Nous sommes aux responsabilités dans des collectivités de toutes tailles, et chaque jour nous agissons pour mettre en place ce que nous défendons. Et les résultats sont palpables, preuve qu’une adaptation heureuse est à portée de volontarisme.

Il nous appartient maintenant de démontrer que la transition climatique sera l’instrument capable d’améliorer le bien-être et permettre le bonheur d’une immense majorité de nos concitoyennes et concitoyens, et des peuples. Seule une gauche unie autour de cette réelle puissance mobilisatrice qu’est le combat pour la justice climatique donc sociale, sera à même d’ouvrir la voie à un «futur désirable».

Signataires : Sébastien Vincini Président du conseil départemental de la Haute-Garonne Sophie Borderie Présidente du conseil départemental du Lot-et- Garonne Lounes Adjroud Maire adjoint de Châtillon et conseiller départemental des Hauts-de-Seine Hélène de Comarmond Maire de Cachan et conseillère régionale d’Ile-de-France Chaynesse Khirouni Présidente du conseil départemental de la Meurthe-et-Moselle Eric Quénard Conseiller municipal de Reims et conseiller régional Grand Est Audrey Linkenheld Première adjointe à la maire de Lille et vice-présidente à la Métropole européenne de Lille Nicolas Soret Maire de Joigny, vice-président de la région Bourgogne-Franche-Comté Hélène Sandragné Présidente du conseil départemental de l’Aude Stéphane Troussel Président du conseil départemental de la Seine-Saint- Denis Gülsen Yildirim Vice-présidente du conseil départemental de la Haute- Vienne Cédric Van Styvendael Maire de Villeurbanne et vice-président de la Métropole de Lyon.

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